L’heure de la rentrée a sonné et avec elle….

En ce vendredi 02 septembre, un tas de souvenirs me reviennent en mémoire. J’ai toujours aimé retourner à l’école dés le moment ou je suis entrée en première primaire. Sans doute parce que cette année là, mon père m’avait promis un plumier pour le jour J !

Mais sans doute pour s’amuser un peu et de manière ma foi , pas trop méchante, il m’a fait croire qu’il avait oublié de l’acheter. Ma déception ! Puis juste après il me dit :

-« Vas un peu voir dans ma mallette de travail, là où je range ma boite à tartines, je crois qu’il y reste un chocolat. Prends-le, il est pour toi. »

J’obéis, une petite larme au coin de l’œil sans doute, moi qui espérais ce plumier… le chocolat n’allait pas me consoler ! Ma petite main fouille dans le sac et tombe sur un rectangle emballé avec un joli papier cadeau.

-« Papa j’ai trouvé ça…  » 

-« Ah ? Ben c’est quoi ça??? Tu peux ouvrir, on va bien voir ! »

Et là, O magie paternelle (et croyez-moi, elle a été très rare au long de mes années en compagnie de mon père) j’ouvre le papier et je découvre un superbe plumier en cuir brun clair. Avec une grande tirette qui rassemble deux plateaux, chacun garni de crayons de couleurs, d’un taille crayon, d’un porte-plume avec plume (à l’époque, on écrivait encore avec un porte-plume que l’on trempait dans l’encrier qu’il fallait remplir sans rien renverser) , de deux crayons noirs bien taillés, d’un taille crayon, et de petits instruments de mesures comme un mini rapporteur, une petite latte et … une gomme.

Je me souviens encore de ce plumier comme si c’était hier. Nous étions dans cette maison à Ver Custine que j’ai tant aimée et qui a abrité la plus belle année de mon enfance. J’allais rentrée en première année primaire avec un plumier garni. Et quel plumier ! J’en étais fière comme d’Artaban.

Il a été mon copain de bureau pendant de longues années. Maman l’ayant réparé et regarni plusieurs fois car l’intérieur, un vilain plastique dont les élastiques tenant les outils s’abimait très vite. Elle l’a même une fois réparé l’intérieur avec un joli tissu à pois rouges et blanc. Je me demande si je ne l’ai pas gardé dans une caisse ou l’autre de ma vie ! Une chose est certaine il a rempli son role à merveilles pendant de très longues années. C ‘était sans doute pas du made in China celui là!

En ce vendredi 02 septembre 2022 à 57 ans bien sonnés…

Aujourd’hui je me suis réveillée avec des pensées diverses dont, celle de ce plumier qui subitement m’est revenu en mémoire. Sans doute parce qu’à chaque rentrée scolaire, et même tout au long de mes années professionnelles (et j’en profitais encore plus lorsqu’il fallait équiper les cartables de mes deux fils, Maxime et François) je m’offrais ou un Bic nouveau modèle, ou une pochette de surligneur ou un petit plumier que l’on glisse à la sauvette dans son sac à mains.

Et ce matin, le corps bien détendu mais la tête déjà en ébullition à 05h30, je me suis demandé ce qu’en ce 02 septembre, j’irai bien m’acheter pour ne pas louper ma rentrée.  

Ma rentrée ou plus justement, mon retour à moi après cet été, ces mois pourris par diverses déceptions principalement d’ordre sentimental et, c’est courant chez moi, émotionnel.

Très vite, l’objet s’est imposé à moi : ce sera une gomme ! Une belle gomme robuste, blanche, toute blanche pas celle qui peut, soi-disant, effacer l’encre d’un côté et de l’autre les coups de crayons ratés. Et qui vous laisse tout béta devant la feuille trouée car elle a cette gomme un coté abrasif dont on n’avait pas imaginé le super pouvoir destructeur!

Une belle gomme donc, que j’aurai bien en mains, comme lorsque tu as enfin, trouvé le porteplume de bon calibre qui se marie à la perfection avec ton pouce, ton index et qui ne blesse pas le creux de la paume de ta main.  

Une gomme qui ne déchirera pas, si j’appuie un peu fort de rage, de tristesse ou de colère, voir de haine, qui ne déchirera pas, dis-je, la page du livre en cours de rédaction.

Effacer, oui mais si en plus il faut s’auto mutiler, non!

Une gomme sans tache, une gomme rectangulaire et pas en forme de roulette qui tourne dans le vide au bout d’un stylet, et pas non plus une petite gomme de rien du tout qui, au bout de deux lignes sera en miettes.

Mais surtout une gomme sans odeur, enfin je veux dire, rien que parfumée de sa simple odeur de gomme. Une gomme qui fera simplement son travail de gomme, sans me remplir le nez de ces odeurs artificielles d’orange, de fraise, de mure ou pire encore de cerises. Juste une gomme solide pour effacer ce qui doit l’être et laisser le moins de traces possibles de ce qui n’aurait sans doute jamais du être écrit.

C’est tout un art de bien choisir ses outils. Et puis, une fois mon achat en poche, savoir m’en servir à bon usage tout comme savoir fois, bien choisir les compagnons de classe.

De cela, aussi je m’en souviens pour cette première année primaire. Il est vrai qu’en 1972 dans la petite école du village de Ver Custine, ce ne fut pas bien compliqué : dans cette classe unique ou les six années étaient regroupées autour du poêle à bois et devant le tableau noir, la seule élève en première année, c’était moi !  

Cette fois aussi je me retrouve seule sur le banc de rentrée. Mais l’armure s’est renforcée, à force de de prendre des coups et d’en donner. C’est de bonne guerre n’est ce pas. Que serait DONNER sans RECEVOIR ? Deux verbes perdus sur le tableau noir de nos histoires.  Je me donne le luxe d’une nouvelle rentrée, l’heure a bel et bien sonné cette fois.