J’avais pensé à la chanson de Jean-Louis Aubert pour t’accompagner dans ce dernier voyage. Et égoïstement, pour m’aider aussi à supporter toute la souffrance qui a été celle de ces derniers jours, de ces dernières heures et qui n’est rien comparée à ce qui m’attend.

Mais ce dernier voyage mérite bien plus qu’une chanson de séparation si banale entre un homme et une femme qui, certes ont connu l’amour mais qui dit aussi à quel point ils étaient si différents. Une chanson qui explique qu’il fallait mieux couper plutôt que déchirer.

Mais entre nous c’était et ce sera toujours bien plus que tout cela.

Ce ticket du dernier voyage c’est TOI qui me l’as demandé. Ce soir, alors que je savais que ma nuit allait être agitée comme les deux précédentes, à t’entendre tousser et respirer, je m’étais installée dans le divan avec Romain Gary et les dernières pages de « La promesse de l’Aube ». Disons que je m’y préparais. Malgré cela, te voir monter dans le divan, te blottir contre moi et me regarder en bloquant mon bras comme à chaque fois que tu veux te faire comprendre, m’a encore plus mise en alerte et j’ai su que TU avais décidé du moment. Message reçu 5/5. Malheureusement, le geste fatal me revenait, à moi ou à Kirsten. Et j’ai fait ce que j’ai du faire. Le cœur serré , les larmes aux yeux et la tête embrumée de toutes les questions de  » et l’après ? ».

En ces moments là, c’est une force surnaturelle qui me guide et j’ai donc téléphoné à la clinique, après, il est vrai une hésitation, car pour Anke, venue me réconforter une petite heure et assister à tes efforts pour respirer, « peut -être allais tu passer la nuit paisiblement et partir comme ca, sans dernier coup de sifflet ». Je savais au fond de moi, que le film n’allait pas se dérouler comme ça. La crise a été plus forte, j’ai donc rusé pour te faire monter en voiture. Le jambon cuit a toujours été ton petit faible. Comme les biscuits, les pommes, les courgettes, la viande, les sardines, le pain confituré…Direction la clinique à 22h30. Kirsten n’était pas là mais était remplacée par Martha, très gentille et très douce, presque embêtée de me dire que je prenais la bonne décision et que elle comprenait … elle aussi.

Les choses se sont faites en douceur. Comme le soir chez nous, je t’ai parlé, rassuré, expliqué que oui tu pouvais partir, que de toute façon nous ne serions jamais loin l’un de l’autre. Que tu as été pour moi bien plus que certains humains et que tu le resteras à jamais. Que nous avions passé quasiment 12 belles années, que tu avais fait plein de choses, acceptant de me suivre dans mes rêves les plus fous. J’espère juste que moi aussi je t’ai rendu heureux.

Lorsque j’ai vu l’injection de couleur bleue couler vers ta veine j’ai presqu’eu envie d’arracher le cathéter. Je sais que s’il y avait encore eu le moindre petit espoir…Et puis tu t’es endormi. Pour toujours, paisiblement. La tête sur les pattes. J’ai pleuré à en avoir mal de tête. Mon nez coulait, mes yeux me faisaient mal mais je te touchais, j’avais besoin de caresser ton poil et surtout de te sentir encore chaud une dernière fois.

Ton absence sera plus encore plus lourde à supporter, en partie avec celles vécues ces mois derniers, certes mais parce TOI et MOI nous étions UNIS .VRAIMENT. Depuis hier et jusque bien plus loin que demain. C ‘est cela aussi que je t’ai glissé dans le creux de l’oreille; nous allons nous retrouver. Et peut être plus vite que nous ne l’imaginons.

Tout en t’écrivant cet hommage, Je te regarde , je t’ai ramené à la maison, tu es emballé dans deux draps de bain dont l’orange que j’ai reçu en allant nager avec les dauphins; Tu es beau avec ta patte en dehors du panier et un tout petit bout de langue qui dépasse. Tu dors et cette fois, tu dors bien. Tu seras en forme, demain mon doudou.

Ah en écrivant ces mots , j’ai écouté une chanson qui nous va bien.

« Alter Ego » de Jean Louis Aubert. T’en penses quoi mon Snoopy ?