Cela fait une semaine maintenant. Jour pour jour. Et tu restes là. Tu es avec moi. Même si je dois me rendre au fond de la propriété pour aller te parler et toucher ces pierres qui finalisent ton ultime tanière.
Une semaine me sépare de ton grand départ, une semaine qui m’a physiquement éloignée de toi. Il n’y plus personne pour me surveiller lorsque je prépare les repas, que j’épluche des courgettes dont tu raffolais, et tu n’es plus là à te lever dés que tu entendais que j’allais me préparer un café. Pour ton traditionnel biscuit, je n’en étais pas dupe! Tu n’es plus là non plus lorsque je rentre des courses, tu ne lèves plus la tête pour confirmer que tu as bien entendu que j’étais rentrée et que oui, tu es content de me revoir. Tout comme moi. Plus personne ne repose sur ce divan bleu nuit de la chambre d’amis et qui était devenue » ta chambre ». Comme tu as bouleversé mes sacros saints principes! Moi qui pour rien au monde ne t’aurais autorisé l’entrée d’une chambre à coucher, les cousins d’un divan… et voila qu’en un mois , le dernier d’entre tous, tu as chamboulé mes habitudes. Et comme tu as bien fait mon Snoopy!
Car tu savais jusqu’où tu pouvais aller et ce que tu pouvais exiger de moi. Cela tu le réussissais parfaitement, n’est ce pas! Nous avions, à l’image de ces vieux couples, des rituels dont il va me falloir me séparer par la force et la volonté. Et je suis si faible pourtant. Il y a une semaine juste avant que tu ne partes dans ton ultime refuge, j’ai posé ma tête sur tes flancs glacés et j’ai fait ma sieste, l’ultime en ta compagnie. Tu semblais dormir, vraiment.
Aujourd’hui, j’ai essayé de m’installer à l’heure de la sieste dans le divan du salon mais c’était trop dur. Car là aussi tu savais et tu venais inlassablement te mettre au pied du divan, je laissais alors ma main caresser tes oreilles, ton flanc et je m’endormais. Sécurisée par ta présence, réchauffée par ta chaleur même si il faisait déjà plus de 25 degrés et surtout confiante dans cet amour qui nous a toujours liés et qui, je le sais, nous lie à jamais. Mais crois moi , ces rituels vont devoir changer. Tu ne peux rien contre la douleur mais face à la souffrance tu es en droit de décider de continuer ou pas à l’accepter. Et comme il faut me secouer, je dois le faire. Ca va changer. J’irai siester ailleurs, je jetterai de suite les épluchures des légumes dans le bac poubelle, je ne me préparerai plus de café de la même manière et je ne vais plus ramasser du petit bois dans les champs d’à coté.
Casser nos rituels pour mieux te laisser partir. Ne plus me réveiller la nuit en allant dans la chambre voir si tu es là. Sois rassuré: je pense à toi. Comme à un amant perdu, comme à un amour qu’il te faut oublier. Parce que la mort c’est la vie. Et qu’il nous faut toutes et tous y passer.
Je suis partie de casa Goa ces trois derniers jours. Mais … tu étais là. Avec moi, sur la plage de Santa Lucia, au restaurant de poissons (et oui tu te tenais très bien comme toujours), aux pieds de mon lit à l’hotel choisi en dernière minute, à déambuler à ton rythme dans les rues de Tavira, sur le siège passager auto, dans ton panier entrain de ronfler ou de regarder la route, sait on jamais que je conduirais mal hein!
Quand je suis rentrée à Casa Goa: le vide, TON vide m’a saisie à nouveau et je suis de suite partie sur ta tombe pour y déposer un coquillage et des fleurs. Le soir, j’ai du repartir de la maison. C ‘était trop difficile encore.
J’avais demandé à celles et ceux qui le souhaitaient de m’envoyer l’une ou l’autre photo de toi avec ou sans eux. Beaucoup ont laissé un émoticône ou une petite phrase sur ma page Facebook et d’autres encore sur ce Blog et cela m’a fait du bien de te les lire. Comment pourrait il en être autrement ? Toi qui a su réconcilier tellement d’humains blessés, je suppose, ou craintifs par rapport à certains de tes semblables. Toi, Snoopy, tu savais entrer en communication avec toutes et tous. Je ne t’ai connu qu’un seul « ennemi » : un homme au bonnet rouge que tu n’as jamais aimé et dès que tu le voyais, tu te mettais à grogner. Qu’avait -il bien pu se passer entre vous? Peut-être qu’un jour, lors de tes escapades de la maison des Fauvettes, t’es tu introduit dans sa propriété et qu’il s’est vengé sur toi? Jamais je ne le saurai. Mais je te donnais raison; un chien comme tout autre animal à lui aussi le droit de faire connaitre ses humeurs, ses amours et ses peines. Toi, mon compagnon a quatre pattes, tu étais bien plus que cela. Et tu le resteras à jamais. Voila, je te pleure. Et oui purée que ça fait mal.
J’espère avoir été à la hauteur de ce que tu pouvais espérer d’un humain. Où que tu sois, sois bien ! A bien vite mon Snoopy.
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