Cela faisait quelques temps déjà que je me demandais si, en plus des marchés présents dans chaque ville qui se respecte ici au Portugal, s’il était possible de faire ses courses en achetant Portugal made in Portugal et de préférence en vrac. Pas spécialement bio, ni végan, ni végétarien même si la démarche me tente de plus en plus mais, une chose à la fois.
« C’est vivre, ça, se battre pour ses idées »
Yves Thériault, journaliste, écrivain, commentateur radio, camionneur, trappeur, boxeur, aventurier. Canadien mort en 1983, auteur de « Agaguk ».
Petit souvenir …
Si l’audace ne paie pas à chaque fois, elle nous laisse heureux du chemin accompli. J’en veux pour preuve et ce n’est pas prétentieux, juste parler de ce que je connais, ma propre expérience qui, avec le concept store crée en 2011 à Marche-en-Famenne m’avait non seulement valu un prix de l’entreprenariat en Province de Luxembourg, mais qui m’a procuré d’enormes grands et petits moments de bonheur!
C ‘est ainsi que j’ai pu ressentir à quel point, à l’époque, mon fils ainé m’a aidée pour étiqueter jusqu’à trois heures du matin les pots sur les étagères, je crois que quelque part, il se sentait fier de moi. A quel point aussi l’homme qui partageait ma vie à ce moment là, m’a soutenue, à quel point mon fils cadet a fait preuve d’investissement sur les marchés pour y vendre nos confitures sans sucre et à quel point je me rappelle encore des premiers clients (N’est ce pas, Arthur, Quentin, Nancy, Marie -Els, Philippe L, Jean Marie, Ingrid …et tellement d’autres dont certains par la suite, sont restés des amis). Je me souviens encore du bruit qu’a fait le carillon à l’ouverture, des heures passées à tout ranger, nettoyer, passer les commandes , imaginer les soirées à thème, les recherches de nouveaux produits…
Que de bons souvenirs. Malgré les heures de découragement, le peu de rentabilité et les questionnements. Mais avec le recul, je suis heureuse d’avoir porté ce projet qui, par la suite a, j’ai la joie de le penser, créé une dynamique entre toutes ces personnes qui ont cru elles aussi qu’un autre commerce était possible. » Saveurs d’ Ici et d’Ailleurs » était né en 2011, à la suite d’une profonde remise en question professionnelle et, si j’ai commencé tout tout petit avec, je m’en souviens, une dizaine de sachets de thés de qualité, nous avons terminé avec plus de 40 références. Oui, j’avais, nous avions, constitué une belle équipe qui du départ, s’est étoffée avec Cathy, Sylviane, Jean-Marc, Coco, Vincent, Judith, Sophie; Dimitri, Valerian, … sans oublier mes deux fils qui n’ont jamais été tout à fait en accord avec moi mais m’ont soutenue du mieux qu’ils l’ont pu. Je les en remercie encore ici. Oui, c’était toute une équipe que cette Coopérative à finalité sociale (du même nom) mais qui cette fois regroupait pas moins d’une dizaine de personnes. Installée dans le piétonnier marchois, cette belle boutique/restaurant /épicerie du terroir et de produits locaux a eu ses belles heures. Et pourtant, pour cela aussi, nombreux sont celles et ceux qui m’ont prise pour une folle lorsque je parlais de bénévolat, de prise de parts pour constituer le capital pour ne rien devoir emprunter aux banques. Lorsque je proposais une remise au travail par l’effet du groupe et de l’équipe toute bénévole, nous y compris! Pourtant, lorsque nous avons fermé les portes le 31 décembre 2015, nous n’étions pas, Jean Pierre et moi, les seuls à pleurer.
Aujourd’hui , cela fait figure de « réchauffé, de déjà vu ». Mais, croyez- moi, ce n’était pas le cas à l’époque. Il nous a manqué je crois, la jeunesse, les fonds nécessaires et peut être aussi un peu, un vrai support communal pour faire de cette Coopérative, un réel laboratoire de remise à niveaux pour bien des gens. A commencer par la joie d’être son propre patron et d’apporter ce sentiment d’utilité aux autres. Oser vivre ses rêves, se battre pour des idées et avoir l’audace de faire ce qui vous semble juste et innovant. Car si l’aventure vous fait peur, la routine elle vous tue!
Une boutique UNIQUE à Albufeira ? C ‘est chez Liliana !
Pas étonnant dés lors que j’étais plus qu’heureuse d’être invitée à l’inauguration de la première boutique du genre à Albufeira. Une boutique toute pimpante, tenue par un jeune couple qui marque ainsi sa volonté très nette de changer de vie (tiens tiens tiens… ) ou tout au moins de vivre dans le respect de ses nouvelles convictions. Des convictions appliquées surtout depuis qu’ils ont deux petits bouts et qu’ils se rendent compte eux aussi que trop de plastique tue le plastique, que la malbouffe a fait son temps et que rien ne remplace le contact direct avec les producteurs locaux.
Dans la boutique vous trouverez un peu de tout même si la jeune femme sait que d’autres produits pourraient encore arriver sur ses étals.
Le principe du vrac y règne en maitre et vous ne trouverez ici aucune trace de viande, de poisson ou d’œufs. Par contre des légumineuses originales comme ses haricots de soja, des lentilles, des pâtes de toutes formes et de toute composition, des sauces toutes faites et conservées en bocal de verre, des infusions et cafés d’ Angola, du Brésil et bien sur du Portugal en vrac. Des biscuits apéritifs, des biscuits faits maison, du pain hyper bon avec des graines ou sans, des fruits et des légumes. Et Liliana a eu la bonne ide d’étiqueter aussi ses produits en français car l’été à Albufeira ils sont nombreux à déambuler dans les rues.
» Nous nous fournissons au Conventbio de Lagoa ( tout près d’où j’habite) mais il nous arrive aussi de prendre de la marchandise auprès de plus petits producteurs. Nous devons encore développer cette partie de l’approvisionnement mais une chose à la fois« , m’explique Lilian a qui a fort à faire en ce premier jour d’ouverture. Je profite justement de l’arrivé de Pedro Gomes qui représente un fournisseur de légumes bio.il arrive avec une grosse caisse d’épinards bien verts et tout frais.
- » Voilà pour vous une nouvelle opportunité d’écouler votre marchandise » lui demandais- je sans hésiter.
- » Oui, en effet et moi qui depuis peu a mis en place ma propre production de légumes à la maison, je trouve cela plus que valorisant. Même si je ne peux rien lui proposer pour l’instant, là je travaille pour mon patron, mais qui sait, un jour ou l’autre? «
- « Est ce que ce genre de boutique existe ailleurs en nombre? »
- » Non ici Liliana est la seule et la première, félicitations à elle d’ailleurs même si dans les grandes viles comme Lisbonne, Faro et Porto, il y a une présence de plus en plus grande de ce genre de boutique. Ici en Algarve, cela ne fait que démarrer, ajoute Pedro qui repart vite pour suivre le rythme de ses livraisons.
Entre alors un jeune couple qui écoute attentivement les explications de Liliana et puis la jeune femme se dirige vers les vracs de pâtes et autres sources de féculents. Et, croyez moi, il y a vraiment du choix.
-« Avez vous l’habitude de ce genre de boutique et qu’est ce que vous venez y chercher, car les prix y sont quand meme un peu plus élevés? «
– » Alors, ici à Albufeira, Liliana est pionnière et c’est vraiment bien! Oui bien sur pour les prix, mais ici je suis sure d’avoir de la qualité, il n’y a pas de sachets plastiques, les produits sont originaux et je veux bien payer un peu plus pour savoir que ce que je mange est de qualité et bio aussi. »
La partie boutique accessoires et produits d’entretien l’intéresse aussi car c’est là aussi une belle occasion de modifier ses habitudes de nettoyage de la maison et du corps. Il y a toute une panoplie de brosses à dents, d’articles pour bébés et mamans, pour les hommes aussi avec des blaireaux made in Portugal, ces savons aux herbes et fleurs d’içi. Du pur made in Portugal.
Ca fait un bien fou même si le porte-monnaie lui, en ressortira un peu moins gonflé qu’à l’arrivée. -« Mais en règle générale ces produits durent bien plus longtemps et nous permettent aussi de faire vivre des artisans locaux », ajoute Liliana.
– » Ca va démarrer doucement, je m’en doute mais je crois dans ce projet, me confie Liliana; C ‘est vraiment notre volonté que de modifier nos habitudes de consommation, de rapport à la nature et à l’environnement. C’est sur ici, que les gens ne sont pas encore habitués au vrac. il leur faudra un peu de temps et comprendre que oui, ils peuvent apporter les bocaux et autres récipients de chez eux pour s’approvisionner ici. Mais ça viendra. »
Bien sur que cela viendra, après tout c’est déjà ce qu’ils font lorsqu’ils se rendent dans les marchés publics et là, croyez- moi, ils sont encore nombreux, trop nombreux à se servir de sacs plastiques pour embarquer leurs fruits, légumes et autres denrées. Ici aussi le mouvement de transformation des mentalités s’opère en douceur. Croisons les doigts pour qu’il le soit aussi en profondeur. C ‘est tout ce que je souhaite à ce jeune couple audacieux et confiant dans leur avenir et celui de leurs enfants. Parabens!
Souvenirs pour toi Sonia, tu ne peux qu’adhérer à ce concept . Je me souviens de tes délicieuses soupes dégustées lors de passages à Marche.
Tous mes voeux de réussite à tes amis.
Gros bisous
Marie Lou
Coucou, encore un bel article que je n’avais pas encore lu, oui ton entreprise cela à certainement été une belle aventure avec Jean Pierre, Francois, Maxime, mais ho, combien difficile, en plus que tu faisais des prix un peu bas peut être, enfin c’est toujours une belle aventure et enrichissante.
Et la boutique de ce jeune couple existe t’elle encore, car quand tu vois toutes les enseignes existantes ici cela me semble difficile de vivre.
Bises