Mon voyage pas à pas.
Dans les 5.000 km carrés que compte la région de l’Algarve, mes pas m’ont conduite à Lagoa. Je reviendrai plus longuement au prochain Passo à Passo sur les petites mésaventures arrivées avant d’avoir pu atterrir ici. La vie vous réserve parfois de drôles de surprises. Bien avant , j’y étais déjà passée en coup de vent, à l’époque où je voyageais alors en train pour aller jusque Faro, capitale du district éponyme à une cinquantaine de kilomètres d’ici. En train,c’est gai d’admirer le paysage avec ses champs d’oliviers, ses vergers aux arbres croulant sous le poids de leurs fruits que j’avais envie de cueillir en venant à la maraude, une fois le soir tombé et bien sur ses vignes.
Une campagne riche et verte même si par endroits , la sécheresse marquait déjà les collines et les prairies. Le long des voies ferrées, la nature gardait tous ses droits. C ‘est justement ce que j’aime dans cette région : la diversité des paysages, le partage entre les campagnes et les villes et bien entendu et surtout : l’Océan avec ses falaises vertigineuses.
L’Algarve marquée par l’Océan, certes mais aussi par les présences romaines et musulmanes qui ont forgé l’histoire de cette région, « Al Gharb », qui signifie » A l’Ouest » . Nombreux sont les villes et villages où des éléments d’architecture rappellent ce passé avec par exemple, de grandes maisons aux cheminées et terrasses témoignant de la présence musulmane pendant prés de six siècles.
Et, lorsque sous le règne de Dom Alfonso III, la présence arabe prit fin, la région fut rattachée au Royaume du Portugal. Au XV° siècle, la région d’Algarve va alors jouer sa carte et axer son développement sur sa puissance maritime. Un petit pays qui se jette à l’eau, c’est le cas de le dire, peut- être justement parce qu’il n’avait pas grand chose à perdre, pour finir par se hisser dans le peloton de tête des pays les plus riches de l’époque. Quelques noms célèbres parmi d’autres : Diogo CAO ( Pour sa mission de reconnaissance du contournement de l’Afrique et qui en 1481 emporte le premier padrão (borne de pierre avec les symboles du Portugal plantée dans les terres découvertes). En 1483, il atteint l’embouchure du Congo. Il débarque ensuite au Gabon, en Angola et atteint le Cape Cross en Namibie en 1486. Et en 1499, Vasco DE GAMA qui revient de son périple vers les Indes avec une cargaison de poivre. Lui suivra dans une seconde expédition aux Indes, Pedro Alvares CABRAL à qui l’on devrait la découverte du Brésil même si certains parlent d’abord d’un navigateur espagnol qui l’aurait précédé sur une partie des côtes.
Mais, un nom célèbre entre tous: Henri le Navigateur, connu aussi comme « Dom Henrique ».
Fils du Roi Juan1°, c’est lui qui parait- il, aurait hérité du trésor des Templiers réfugiés à Tomar. En guise de trésor, c’étaient surtout dit-on, des cartes maritimes (autant dire LE code secret pour l’époque) lui permettant ainsi de naviguer sur les océans et les mers du monde entier connus en ces temps là.
Allez à Sagres et posez devant la statue de celui que beaucoup considèrent encore comme le « père » de l’ère des Grandes Découvertes pour le Portugal. Toutefois, une autre théorie circule. Ce serait plutôt son frère, Pierre, qui aurait eu le pied marin, Dom Henrique n’étant lui « que » le prince éclairé, poussant leur père à lancer le pays dans cette aventure maritime.
L’un suggère, l’autre exécute en somme. Peu importe, le Portugal est à partir de ce moment là l’une des nations les plus riches et développera ainsi ses villes grâce au commerce maritime et la conquête parfois sanglante, de nouveaux territoires.
Lagoa signifie « Lagune » en français. Elle fait partie des 16 municipalités composant ainsi le district de Faro. Une municipalité qui ne compte pas plus de 23.000 habitants, en temps normal car les mois d’été, ce chiffre grimpe avec l’arrivée des touristes. Lagoa a plus d’un atout à son guide touristique. Bien sur les 22 plages de qualités diverses mais fort appréciées par les Espagnoles, les Français, les Britanniques, les Allemands et les Portugais eux mêmes. Mais surtout, un rythme de vie relativement cool et agréable, pas de vacarme en plein centre, des places joliment arborées, des petites rues où il fait bon flâner pour s’y perdre parfois, des petits squares arborés pour se poser simplement. Bref, où la douceur de vivre signifie encore quelque chose.
Si la date de fondation de Lagoa est inconnue, beaucoup d’éléments d’architecture manuéline, je vous le disais, attestent ainsi de son développement durant le XVIe siècle. Son histoire est surtout renseignée à partir du XVIIIe siècle. En ville, une plaque commémorative nous montre le cachet de cire attestant de son titre qui lui aurait été accordée par le Roi dont il est bien difficile de déchiffrer le nom. Au XVIIIe siècle, Lagoa fut fortement endommagée par le tremblement de terre qui secoua le pays tout entier en 1755. Dans les rues et ruelles aux maisons blanches qui l’entourent, on se laisse imprégné du passé. L’étroitesse de certains passages recommande la plus grande prudence mais ici à Lagoa fort heureusement, les voitures ne s’emballent pas pour un oui ou pour un non. Et la courtoisie est, en règle générale, de mise entre automobilistes et piétons.
Au détour d’une ruelle, on s’installera pour boire un BICCA sur une terrasse un peu de guingois ou au café RX, juste devant le kiosque à musique devenu le lieu de rencontres des petits vieux, des mères de famille, des grands-mères, des employés, des touristes.. bref on y voit du monde!
Il y a encore des cabines téléphoniques à Lagoa et en regardant bien, vous découvrirez (mais cela n’est pas propre qu’à cette ville) de jolies cabines électriques repeintes avec des références à ce qui fait encore la vie d’ici: Mouette se reposant sous l’œil amusé des passants, divers symboles de la révolution des œillets, des oliviers, et des vignes: Lagoa est aussi connue pour quelques bons crus en vins blancs et comme l’un des meilleurs terroirs du pays. Je vous les ferai par ailleurs découvrir la semaine prochaine à la suite de deux beaux parcours en vignobles.
A Lagoa, si le Marché municipal a bien perdu de sa superbe par rapport à il y a une vingtaine d’an- nées, il tient toujours la route et ce malgré l’affluence de grandes marques commerciales. Dans cette ville où il fait bon vivre, on trouve aussi des banques, des coiffeurs, des esthéticiennes, des agences immobilières, une galerie d’artiste, une coopérative vinicole, des librairies papeteries, des salles de sport, une salle d’ anciens combattants, un cercle de colombophiles, un cimetière bien sur (assez original d’ailleurs), une caserne des pompiers fortement sollicités ces derniers temps. Des dentistes et même plusieurs cliniques dentaires, un salon de massage, une quincaillerie, des magasins de seconde main, une jolie boutique de vêtements et aussi un voir deux petits magasins qui vous proposent leurs fonds de stocks à des prix riquiquis, des restaurants, des boulangeries, des patisseries, des chauffagistes ( et oui si l’hiver est doux en journée, il faut d l’eau chaude et de l’air conditionné aussi), un grand centre sportif, un hall aux foires et expositions et une multitude … d’avocats! J’ai été impressionnée de les voir en aussi grand nombre! Creuser le sujet ne serait peut être pas sans surprises. A voir!
Snoopy et moi, nous nous y sommes de suite sentis bien Et il m’accompagne encore parfois certains matins pour déguster mon bicca, lire mon journal et parfois acheter le ticket de loterie , un vrai sport national ici!
0 commentaires